La pierre polaris

Voici une curiosité assez remarquable : une mystérieuse pierre taillée à environ 200 mètres en contrebas du mur, sur le versant nord de la Bloss, non loin du rocher de Kappelhouse. Si le mur païen, ses rochers, ses caractéristiques, ses particularités et ses mystères ont été largement décris, étudiés dans des écrits très variés, livres et articles, je n'ai trouvé aucune mention de ce petit coin de montagne dans les documents qui me sont passés entre les mains. Sans doute que cette pierre n'a rien à voir avec le mur. Mais que fait-elle là au milieu de la forêt ?
Il s'agit d'une pierre taillée en forme de cylindre d'environ 1,20 mètres de diamètre et d'environ 50 cm de hauteur. Tout autour à environ 30 cm de la surface supérieure on remarque une rainure qui fait toute la circonférence.

Cette rainure devait-elle servir à détacher la partie supérieure selon la technique des coins de bois décrite pour les pierres du mur païen ? Sur le dessus on peut également observer une petite entaille d'une dizaine de cm en plein centre du disque ainsi que d'une entaille plus longue mais moins profonde à 10 cm du centre. Tout porte à croire que cette pierre devait servir comme meule. Mais pourquoi en plein milieu de la forêt, sur un pan de montagne peu accessible et loin de toute construction ?

En fait, si, de cet endroit, on descend tout droit à travers forêt, on tombe sur la chapelle St Jacques, ancien refuge des chevaliers ayant accompagné le chameau portant la reliquaire (voir St Jacques). Il est aisé de penser que les ermites qui ont voulu s'installer là, pensaient créer un moulin, chose courante à cette époque. On sait que la guerre des paysans au XVIe siècle ruina Niedersmunster. L'ermitage qui en dépendait fut abandonné et avec lui, sans doute le projet du moulin. Voila une hypothèse qui semble tout a fait plausible. Elle m'a été suggérée par M. Guy Trendel, éminent spécialiste de l'Alsace et des ses mystères et auteur de quelques guides remarquables.
Une autre hypothèse, bien que peu probable, mais sans doute un peu plus mystique et qui me plaît bien, serait de considérer ce cylindre comme une pierre astronomique. En effet, quelques petites mesures montrent que l'inclinaison du plan du disque par rapport à l'horizontale est d'environ 23° et son orientation plein nord (l'inclinaison de l'axe terrestre par rapport à l'écliptique est de 23°). D'après quelques calculs de géométrie de base on peut constater que le soleil est rasant sur sa surface à midi au solstice d'hiver. Hasard ? Aurait-elle servi à situer le nord en des temps anciens, est-elle contemporaine du mur païen ou n'y a-t-il aucun rapport ? Les coïncidences sont là et la question mérite d'être posée voire approfondie.
En tout cas, en l'absence de description dans les livres, je me suis permis de la baptiser "Polaris", du nom de l'étoile polaire vers laquelle elle semble pointer, même si ce ne serait qu'une meule toute banale destinée à moudre du grain.