Le camps central - Grossmatt

Lorsqu'on descend du Mont Sainte Odile du côté ouest en suivant le chemin des pèlerins, on débouche, après deux cents mètres passés sous de beaux et grands arbres, sur une vaste clairière dont on ne peut soupçonner l'existence si l'on reste au monastère.

C'est ici qu'au début du siècle dernier Robert Forrer, archéologue renommé, aurait fait une découverte troublante. En contre-bas de la grossmatt, à l'endroit même où l'on jouit de la plus belle vue sur les toits du monastère, un amoncellement de petites pierres en grès de forme parallélépipédiques ont attiré son attention. Disposés plus ou moins en cercle, elles semblaient former un cromlech préhistorique circulaire, analogue au temple de Stonehenge en Angleterre, on l'appela le cercle mégalithique de la grossmatt. Il supposa donc que ces petites pierres formaient une reproduction en miniature d'un temple situé sur le sommet actuel du massif, à savoir à l'emplacement même du monastère. Quelque enfant de cette époque se serait amusé à reproduire ce qu'il voyait au-dessus de lui. Robert Forrer conclut ainsi que le sommet de la montagne était occupé par un temple (celtique) vraisemblablement dédié à une déesse solaire, vu la forme de ce temple.

Cette thèse fût très controversée à l'époque. On accusa même l'archéologue d'avoir lui-même inventé cette histoire pour se rendre important. Les petites pierres sont d'ailleurs visibles au musée archéologique de Strasbourg.

A l'heure actuelle personne n'a pu confirmer ou infirmer quoi que ce soit. Le secret demeure....

Je me permettrais d'ajouter une pierre (voire plusieurs) à ce mystère.

En effet lorsqu'on se dirige plus vers l'ouest encore, juste avant de pénétrer dans la forêt, on remarque d'étranges rochers répartis entre de grands chênes. A priorri une sorte de chaos gréseux sans grande importance. Mais en y regardant de plus près on croit (je crois) y déceler un certain alignement, délimitant une allée orientée est-ouest sur une dizaine de mètres.

Etrange tout de même ces rochers que l'on ne rencontre qu'à cet endroit. Il n'y en a aucun

autre ailleurs dans les parages. Et pourquoi ce pseudo alignement ? Serait-ce le reste d'un ancien temple, d'une annexe de temple ? Je n'ai aucun élément pour élaborer une thèse. Ce qui est étonnant est que nulle mention des ces blocs de grès n'apparaît dans la littérature. Peut-être que si les archéologues n'en disent rien, c'est qu'il n'y a rien à dire. Mais je conseille au lecteur d'aller y jeter un oeil, il pourra se faire une idée par lui-même.

C'est un lieu assez romantique, propice à la rêverie, qui pousse le promeneur à y faire une petite pose avant de remonter au monastère. Qui sait si dans des temps anciens, cet endroit n'était pas destiné à une halte préparatoire, ou un passage purificateur avant de monter au sommet de la montagne où, selon la thèse de Forrer, l'élevait un temple ?

Nous ne connaîtrons certainement jamais la vérité à moins que des fouilles y soient effectuées. A chacun d'y voir ce qu'il veut.